Une aire de pique-nique atypique

Depuis le mois de mai dernier, un projet porté par la plasticienne Natalie Cosson et le Foyer l’Embellie à Prats-de-Carlux se concrétise sur la commune de Sainte-Mondane. Une quinzaine de résidents handicapés participent à la réalisation d’une aire de pique-nique, un ouvrage qui se veut à la fois esthétique et fonctionnel. Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un dispositif spécifique initié et coordonné par l’Agence culturelle en partenariat avec les services sociaux du Conseil départemental et l’Agence régionale de santé.

Sainte-Mondane : un lieu privilégié et une mairie mobilisée
Lorsque l’artiste rencontre l’équipe du Foyer l’Embellie en début d’année, le projet n’est pas encore bien défini. C’est au fur et à mesure des rencontres, avec Catherine Lacoste, chef de service, les éducateurs et les résidents que le projet prend la forme de la construction d’une aire de pique-nique. En rayonnant alentour à la recherche d’un terrain communal propice, Natalie Cosson découvre à Sainte-Mondane, un lieu d’une beauté naturelle évidente qui se trouve sur le chemin du château de Fénelon et à proximité des chemins de randonnée.
Séduite par ce projet original, la mairie de Sainte-Mondane est immédiatement partie prenante. Le chantier se réalisera avec son soutien : mise à disposition du lieu et d’une équipe qui participera au travail collectif. Le fait que ce projet artistique ait une fonctionnalité a permis une adhésion enthousiaste de l’équipe municipale. Lorsqu’il a été question de créer un ponton pour l’accès aux tables par des fauteuils roulants, la municipalité n’a pas hésité à solliciter la Communauté de communes du Pays de Fénélon pour le financement de ce ponton non prévu à l’origine. 

Un projet en pleine nature
Trente séances d’intervention sur le site auront été nécessaires pour la réalisation de cette aire peu commune. L’artiste l’a imaginée dans le droit fil de son travail qui s’inscrit au cœur de la nature sous la forme d’installations réalisées avec des matériaux issus de l’environnement immédiat. L’espace ici était idéal, situé au pied des falaises, tout près de la rivière. Les matériaux - pierres de toutes tailles, branchages, souches - étaient tous à portée de main.

Une méthode de travail : faire et non dire
Travailler avec ce public était nouveau pour moi. J’avais pensé donner aux participants des consigne techniques, la façon de monter un mur, par exemple. Très vite, je me suis rendue compte que ça ne marchait pas et qu’il me fallait trouver des moyens non intellectuels pour les mobiliser. Il était important que je fasse avec eux. Sinon, il y avait comme un flottement, l’énergie retombait. Il a fallu également leur donner confiance et leur faire comprendre qu’ils pouvaient prendre des initiatives, gagner en liberté.
Les résidents volontaires, entre 8 et 15 selon les séances, ont très vite trouvé l’activité qui leur convenait : les plus solides pouvaient porter de grosses pierres alors que d’autres ont préféré un travail plus fin avec les branchages et la récolte de petits cailloux, une activité qu'ils menaient avec un plaisir évident.

Une œuvre collective créatrice de synergies
Natalie Cosson ne cache pas sa satisfaction de voir son projet devenir une œuvre collective que tous les participants se sont appropriés : les résidents et leurs éducateurs, Christophe et Cathy, présents tout au long du projet pour épauler l’équipe sous le regard bienveillant de résidents observateurs venus parfois soutenir leurs congénères, L’ESAT, situé à côté du Foyer l’Embellie qui a apporté sa contribution en réalisant les structures métalliques du mobilier, sans oublier l’engagement de la municipalité et la participation de la Communauté de communes qui lui ont donné une vraie légitimité.
Natalie Cosson définit cette expérience comme "l’endroit où doit être l’artiste", au cœur de la vie, de la rencontre, de synergies porteuses de sens.
Mais un tel espace en milieu naturel, peut-il perdurer ? Déjà, une mobilisation se prépare afin de préserver l’aire et la maintenir viable dans le temps. L’équipe municipale tout comme les résidents de l’Embellie envisagent d’entretenir le lieu, de le désherber, de le consolider si besoin. L’un des résidents, jardinier dans l’âme, prévoit même d’y faire pousser des fleurs…

Elisabeth Bourguignon, Agence Culturelle départementale Dordogne-Périgord